Budō – Les voies martiales du Japon
BUDŌ
Le budō, les voies martiales du Japon, a ses origines dans les traditions du bushidō – la voie du guerrier. Le budō est une forme séculaire de culture physique comprenant le jūdō, kendō, kyūdō, sumō, karatedō, aikidō, shōrinji kempō, naginata et jūkendō. Les pratiquants acquièrent les compétences tout en s’efforçant d’unifier l’esprit, la technique et le corps; développent leur caractère; renforcent leur sens de la moralité; et cultivent un comportement respectueux et courtois.
Le terme “bushidō” a été créé par les bushi ( ou samouraï ), pour refléter leur “mode de vie” de guerriers professionnels, et englobe les valeurs et les concept moraux.
Les sens moraux du bushidō de vivre honorablement et vertueusement étaient le produit d’une appréciation de la beauté de la vie découverte à travers des expériences de combat mortel. L’esprit d’autonomie, fondamentale pour le bushidō, est une caractéristique inhérente aux arts martiaux modernes. Grâce à l’étude du budō, l’individu est capable de développer son sens de la dignité et en même temps d’apprendre le respect pour les autres. Bien que la question de la vie et de la mort n’est pas un sujet de préoccupation pour les pratiquants actuels des arts martiaux comme ce l’était pour les bushi, le respect, l’honneur et l’amour de la vie demeurent un vestige de l’esprit du bushidō.
Budō est composé de deux caractères kanji. Bu signifiait à l’origine aller au combat, mais fût interprété plus tard comme “arrêter de se battre”. Dō symbolise le mouvement d’un homme, ou “la Voie”.
Les arts modernes du budō tels que le jūdō , kendō , karatedō, aikidō, naginata et ainsi de suite, ont leurs racines dans les écoles martiales classiques développées entre la période Heian (794 – 1185) et la période Tokugawa (1600-1868). Les différentes formes du budō qui ont été systématisées et établies à partir de la période Meiji (1868 – 1912) et au-delà sont généralement classés comme gendai budō (budō moderne). Tous les arts martiaux créés avant cette date sont considérés comme kōbudō (budō classique).
D’une manière générale, les arts du kōbudō peuvent être classés dans les groupes suivants :
– Bajutsu (équitation)
– Kyūjutsu (tir à l’arc)
– Kenjutsu (escrime)
– Sōjutsu (maniement de la lance)
– Naginata -jutsu (maniement du glaive)
– Bōjutsu (maniement du bâton)
– Kama-jutsu (maniement de la faucille)
– Jūjutsu (combat rapproché avec des petites armes ou sans armes)
– Sui-jutsu (natation tactique)
– Hōjutsu (maniement du fusil)
En budō, la formation est généralement appelée “keiko”. Le kanji pour keiko signifie littéralement “considérer [la sagesse] du passé”. L’une des méthodes importantes utilisée pour transmettre cette sagesse est l’étude des kata – séquences chorégraphiées de techniques.
Les kata constituent une partie intégrante du programme du budō, et contiennent l’essence technique et philosophique des enseignements des fondateurs. Les novices commencent leur étude du budō en dupliquant le kata exactement comme il est enseigné par le maître, en évitant tout écart par rapport à la forme prescrite.
Des éléments importants du keiko et de l’apprentissage des kata sont l’autoréflexion et la résolution de problèmes. Dans les arts traditionnels du Japon, il existe un concept appelé “ishin-denshin” ou “transmission de pensée”. Les maîtres utilisent peu de mots pour expliquer les subtilités des techniques enseignées. Il reste au disciple beaucoup de choses à comprendre par lui même, ce qui nécessite une introspection et une analyse considérables. Même si le processus commence par une copie exacte, il facilite finalement l’émergence de véritables attributs individuels et un sens pénétrant de l’imagination. L’instructeur supervise ce développement chez l’étudiant, et enseigne d’une manière qui encourage l’essor de l’individualité. Tempérament, indépendance et individualité sont les facteurs qui conduisent au développement de l’art.
Le budō est une porte d’entrée large et profonde vers le développement spirituel. Vous pouvez presque toucher les mains des guerriers des siècles passés quand vous vous immergez dans l’entrainement des kata. Cependant, si votre esprit est fermé aux possibilités, la porte restera fermée.
Les instructeurs du budō devraient garder à l’esprit les points suivants afin d’améliorer l’efficacité globale de l’éducation au budō:
1. Soyez au courant des caractéristiques de chaque enfant, et ayez l’indulgence de prendre en compte leur individualité.
2. Soyez à l’écoute de ce que les enfants font en dehors du dōjō et des activités du club. Soyez sûr d’insister sur le fait que les règles enseignées dans le dōjō ne sont pas limitées au dōjō ou au cercle social immédiat.
3. Sachez que les enfants vous observent et apprennent toujours de vous; faites donc preuve d’humilité en parole et en action.
4. Faites de la zone d’entraînement au budō une zone ouverte aux parents. Vous devriez écouter les commentaires des parents, les reconnaître, et leur montrer que vous avez à cœur l’intérêt des enfants.
5. Ayez une stricte politique d’éducation au budō et assurez vous de la transmettre régulièrement aux enfants et aux parents.
6. Ne dites rien qui pourrait blesser un enfant qui a cessé de venir aux entraînements Au lieu de cela, faites l’éloge de toutes ses réalisations à ce jour, et aidez le à acquérir une image de soi positive plutôt que de le blâmer pour avoir abandonné.
KARATEDŌ
La “Voie” du karate (karatedō) est l’un des d’arts martiaux les plus populaires du Japon. C’est un art d’auto-défense qui, pour la plus grande part, n’utilise pas d’armes, d’où le sens de karate – “main vide”. Il existe trois grandes catégories de techniques : les attaques avec le bras (uchi) ; les coups de poing (tsuki); et coups de pied (keri). Il ya aussi un certain nombre de blocages (uke) pour parer les attaques de l’adversaire.
Il existe de nombreuses théories relatives aux origines du terme “karate”. Il est difficile de savoir qui a le premier utilisé ce terme, et quand. Toutefois, l’ancien système de combat Ryūkyūan était à l’origine désigné “te”, et l’hypothèse de base est que l’appellation “kara-te” désigne les techniques martiales venues de Chine (kara = Chine).
On enseigne aux karateka l’importance de ne jamais blesser d’autres personnes, et d’être respectueux envers leurs opposants et leurs partenaires d’entrainement. Ce respect s’étend idéalement au-delà des limites du dōjō et des aires de compétition. Les pratiquants apprennent aussi la persévérance, et l’importance de faire des efforts pour améliorer leur entourage immédiat. Une préoccupation et une appréciation des autres et le sens des responsabilités envers la société, sont fondamentaux pour le but ultime d’auto-perfection du karatedō.
Gichin Funakoshi (1868 – 1957) a créé un ensemble de vingt règles du dōjō (dōjō-kun) à partir desquelles cinq articles ont été extraits et promus en tant que préceptes fondamentaux du karate:
1. N’oubliez jamais que le karate commence et se termine par un salut de respect ;
2. Il n’y a pas de première attaque en karate ;
3. Apprenez à vous connaître d’abord, puis vous pourrez connaître les autres ;
4. L’art de développer l’esprit est plus important que l’art d’appliquer la technique ;
5. Lors des combats, vous devez discerner les points vulnérables des points invulnérables.
TERMINOLOGIE DU BUDŌ
Dōjō
Le mot dōjō est une traduction du terme Sanskrit “bodhimanda” et se réfère au “siège de diamant” – le siège sur lequel le Bouddha a atteint le nirvana, l’illumination, sous l’arbre Bodhi. En conséquence, il est utilisé en référence à un endroit où le bouddhisme est étudié et où des sermons sont livrés. C’est à cause des profondes connotations spirituelles et de la relation à son entrainement personnel que le mot a été adopté dans le langage du budō.
Seiza
Seiza est la position formelle à genoux où le praticien du budō est calme et résolu. S’asseoir correctement dans cette position est synonyme de suivre la “voie” du budō. C’est aussi une posture d’attente qui représente l’idéal du fair-play envers l’adversaire.
Grades dan et kyu
Les grades dan ont joué un rôle essentiel dans les activités culturelles traditionnelles au Japon, et ont d’abord été employés par le maître shōgi (forme traditionnelle du jeu d’échecs), Hon’inbō Taisaku ( 1645-1702 ), dès 1677.
Le système des dan a été introduit la première fois dans les arts martiaux en 1883, lorsque Tomita Tsunejirō et Saigō Shirō se sont vus attribuer le grade de shodan en jūdō Kodokan. Le système des kyu été introduit en 1885 par le keishichō (Bureau de police de Tokyo).

Référence
Budo: The Martial Ways of Japan. Nippon Budokan Foundation, Tokyo, 2009.
Résumé rédigé par Christophe Delmotte – International Kyokushin Organization Tezuka Group – 2014